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Pour les femmes qui sont sur le point d'accoucher, nous tenons à vous transmettre ceci: nous savons comment vous êtes fatiguée d'entendre les histoires d'accouchement des autres. Surtout les histoires d'horreur d'une telle et une telle. L'histoire qui suit, quoi qu'intense, vous est partagée à titre d'inspiration. Le but est de vous inspirer et de vous donner confiance; vous êtes forte, vous êtes capable, et ce, peu importe la situation ou son intensité.

 

selon Elle

Pour faire suite au dernier texte, nous en sommes donc à l’accouchement. Les sages-femmes, contre toutes attentes, nous téléphone d’urgence et nous demandent de rentrer à l’hôpital dans exactement 5 heures, nous avons rendez-vous.

L’urgence s’entend dans leur voix, pourtant aucun signe ne nous permet de comprendre leurs craintes. On prend donc le temps de faire des préparatifs; nourriture, arrangement pour le boulot, etc. avant de s’y rendre.

Une fois à l'hôpital, on se rencontre tel que prévu à l’entrée. Inquiète, je me demande ce qui va se passer. En me voyant, elles sont surprises que je tienne debout!! On me dit que mon taux d'hémoglobine est si bas que je devrais être sur le point de tomber dans les pommes, que je fais une pré-éclampsie et qu'il faut accoucher rapidement.

Ça fait quelques semaines que je ressens un grand changement, toute la grossesse s'était si bien déroulée, aucune nausée, aucun malaise intense... un vrai nuage. Je me sentais maintenant gonflée et tout à fait inconfortable. Comme si mon corps ne supportait plus la grossesse et faisait demi-tour. Le doux nuage blanc s'était transformé en gros smog épais. Bref, nous y voilà et je suis prête. Inquiète, mais confiante.

On espère toujours avoir l'accouchement que l'on veut, l'accouchement parfait ... pour ma part, c'était dans l'eau. 
Au fond de moi, pendant ces 9 mois de préparation, je savais que je ne devais pas accorder trop d'importance à cet accouchement parfait, car on ne sait jamais ce qui peut se passer. La preuve; je suis sur le point de vivre tout à fait le contraire de ce qui était 'prévu'. Une belle occasion de laisser les choses aller et d'accepter... tout simplement. La vie nous lance ce que doit vivre n'est-ce pas? L'accouchement dans l'eau n'est pas pour cette fois-ci.

Malgré le fait que le travail avance trop lentement et difficilement, la vie nous sourit. Lorsque l'on parle de crever les eaux, le médecin est appelé pour faire une césarienne ailleurs et pendant son absence, les eaux crèvent naturellement. Quel soulagement!

On provoque le travail rapidement et les contractions violentes commencent. Ai-je manqué le signal de départ? Ouf, c'est violent : mais je respire.

Le bébé est encore beaucoup trop haut. Je lui communique de descendre. À chaque respiration, je dis à voix haute 'descend bébé! Descend bébé!'. On m'injecte du sulfate de magnésium pour traiter la pré-éclampsie pendant le travail. Je ne veux même pas y penser, je reste concentrée sur le travail: le bébé qui doit descendre et ma respiration qui, avec mon amoureux, est en ce moment ma meilleure amie. Je vis une contraction à la fois, c'est le mieux que je puisse faire. Surtout que je sais que leur force ne va que s'intensifier avec le temps!

Plus les choses avancent moins on peut me parler, sauf mon conjoint évidemment. Je ne vois d'ailleurs personne d'autre que lui et il est le seul que je laisse entrer dans mon monde. C'est le seul que je veux voir de toute façon. La présence ou l'intervention des autres ne sont présentement qu'une distraction à mon travail.  
...Si j'avais été concentrée à ce point dans mes examens à l'école!

C'est la première fois que je fais l'expérience d'une telle concentration inébranlable: Consciente de chaque pas d'une longue randonnée ardue. D'ailleurs, même mes plus longues randonnées, les plus difficiles, les plus abruptes, même celles en haute altitude ne peuvent rivaliser celle-ci. 

Les contractions ne sont pas naturelles, elles ne sont pas rythmées, elles viennent sans s'annoncer et surtout sans laisser de répit, ce qui est très difficile. Je tiens bon. Tant que je respire, j'ai l'outil qu'il faut. J'en suis sérieusement reconnaissante, sans quoi j'aurais abandonné il y a longtemps.

La situation semble se dégrader rapidement. Plusieurs signes vitaux sont en détresse et le travail, quoi que provoqué, avance difficilement. Honnêtement, je sens que ce n'est pas mon rôle de gérer ce qui se passe autour, je remets ça à mon conjoint, qui gère ça d'ailleurs remarquablement. Je garde le cap sur ma concentration: c'est ça mon travail.

 

Bien vite, je me retrouve avec un masque à oxygène sans comprendre pourquoi, alors sans prendre le temps de questionner le pourquoi du masque, je demande tout simplement à mon conjoint d'y placer la bouteille d'huile essentielle de lavande de temps en temps pour que je puisse en respirer le doux parfum et continuer mon boulot....'paisiblement'.

Je sens qu'autour de moi, les gens s'agitent, mais ils ne sont qu'un brouillard lointain. On parle de pression artérielle qui monte en flèche, de reins en grève, de plaquettes en vacances, de césarienne, de péridurale... bref, le 'monde extérieur' semble aller terriblement mal...